Page:Blanc - L’Organisation du travail.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
16
INTRODUCTION.

maine de la vie individuelle, d’avoir pénétré dans le régime intérieur des familles ? Eh bien ! dans notre système, l’État ne serait, à l’égard des ateliers sociaux, que ce qu’il est aujourd’hui à l’égard de la société tout entière. Il veillerait sur l’inviolabilité des statuts dont il s’agit, comme il veille aujourd’hui sur l’inviolabilité des lois. Il serait le protecteur suprême du principe d’association, sans qu’il lui fût loisible ou possible d’absorber en lui l’action des travailleurs associés, comme il est aujourd’hui le protecteur suprême du principe de propriété, bien qu’il n’absorbe pas en lui l’action des propriétaires.

Mais nous faisons intervenir l’État, du moins au point de vue de l’initiative, dans la réforme économique de la société ? Mais nous avons pour but avoué de miner la concurrence, de soustraire l’industrie au régime du laissez-faire et du laissez-passer ? Sans doute ; et, loin de nous en défendre, nous le proclamons à voix haute. Pourquoi ? Parce que nous voulons la liberté.

Oui, la liberté ! Voilà ce qui est à conquérir ; mais la liberté vraie, la liberté pour tous, cette liberté qu’on chercherait en vain partout où ne se trouvent pas l’égalité et la fraternité, ses sœurs immortelles.

Si nous demandions pour quel motif la liberté de l’état sauvage a été jugée fausse et détruite, le premier enfant venu nous répondrait ce qu’il y a réellement à répondre. La liberté de l’état sauvage n’était, en fait, qu’une abominable oppression, parce qu’elle se combinait avec l’inégalité des forces, parce qu’elle faisait de l’homme faible la victime de l’homme vigoureux, et de l’homme impotent la proie de l’homme agile. Or,