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ORGANISATION

poursuit dans les mystères d’une autre vie, et s’empare de son âme pour en faire aux vivants un sujet d’espérance où de terreur. Elle domine la conscience du roi comme celle du mendiant. Son empire se fait, reconnaître par ceux-là même que ses préceptes n’ont point subjugués : toute alcôve souillée a son crucifix et tout boudoir son prie-dieu. Architecture, statuaire, peinture, œuvres du génie, merveilles des arts, tout cela sert à marquer dans la société, le passage et la souveraineté de l’Église. Et comment détruire une influence dont les racines tiennent à toutes les parties infimes du cœur humain, une influence créée par tant de siècles asservis à la même croyance ? Le pouvoir spirituel de l’Église est donc bien grand ; mais il ne l’est pas plus que son pouvoir temporel. Sous Louis XIII, la France fut gouvernée par Richelieu, un prêtre ; sous Louis XIV enfant, par Mazarin, un prêtre ; sous Louis XIV vieillard, par le père Letellier, un prêtre ; sous le régent, par le cardinal Dubois, un prêtre ; aujourd’hui, sous Louis XV, elle est gouvernée par le cardinal de Fleury, toujours un prêtre. Quant aux richesses du clergé, elles sont immenses : il possède dans le Cambrésis quatorze cents charrues sur dix-sept cents ; dans la Franche-Comté[1], plus de la moitié des biens appar-

  1. Préambule de l’ordonnance du 17 mai 1751.