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Page:Blanc - L’Organisation du travail.djvu/224

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ORGANISATION

par les cours supérieures. Telle est sa puissance dans les campagnes, qu’elle fait atteler des hommes à ses charrettes comme des animaux de labourage, et que, pour empêcher les grenouilles de troubler le sommeil des châtelaines, une foule de malheureux passent la nuit à battre les étangs[1]. Que dire enfin ? Il a été longtemps permis à un seigneur de tuer un vilain, moyennant la somme de cinq sous parisis.

Eh bien ! encore quelques années, et toute cette aristocratie sera mise au néant. Une nuit suffira pour faire crouler tout l’échafaudage du système féodal. Oui, dans cette nuit, la qualité de serf sera effacée du vocabulaire de la langue, les mainmortes seront détruites, les justices seigneuriales abolies, les privilèges pécuniaires anéantis, la vénalité des offices sera supprimée, les dîmes seront déclarées rachetables et les citoyens reconnus admissibles à tous les emplois. Et, chose merveilleuse ! ces réformes dirigées contre la noblesse, c’est par elle qu’elles seront accomplies : elle-même prononcera son arrêt et scellera irrévocablement sa ruine[2].

« Ce n’est pas tout. L’industrie est aujourd’hui soumise au régime des jurandes et des maîtrises.

« Eh bien ! par la plus soudaine, la plus pro-

  1. Discours de Leguen de Kérangel, dans la nuit du 4 août.
  2. Nuit du 4 août 1789.