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DU TRAVAIL.

ture, la véritable richesse de l’État, ne doit-elle pas souffrir d’un pareil ordre de choses ! Et remarquons que, si le crédit industriel s’ébranle, si une de ces maisons de commerce vient à crouler, trois ou quatre mille ouvriers languissent tout à coup sans travail, sans pain, et demeurent à la charge du pays. Car ces malheureux ne savent point économiser pour l’avenir : chaque semaine voit disparaître le fruit de leur travail. Et dans les temps de révolutions, qui sont précisément ceux où les banqueroutes deviennent plus nombreuses, combien n’est pas funeste à la tranquillité publique cette population d’ouvriers affamés qui passent tout à coup de l’intempérance à l’indigence ! Ils n’ont pas même la ressource de vendre leurs bras aux cultivateurs ; n’étant plus accoutumés aux rudes travaux des champs, ces bras énervés n’auraient plus de puissance. »

Ce n’est donc pas assez que les grandes villes soient les foyers de l’extrême misère, il faut encore que la population des campagnes soit invinciblement attirée vers ces foyers qui doivent la dévorer. Et, comme pour aider à ce mouvement funeste, ne voilà-t-il pas qu’on va créer partout des chemins de fer ? Car les chemins de fer, qui, dans une société sagement organisée, constituent un progrès immense, ne sont dans la nôtre qu’une calamité nouvelle. Ils tendent à rendre solitaires les lieux où les bras manquent, et à entasser les