Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/152

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l’étendue des mers, à la vue du nuage qui fuit, au seul aspect mélancolique de la nature, partout où l’Infini nous fait un signe ou veut bien nous laisser une trace ! Et quelle flamme traverse le sein dans un doux sentiment partagé, ou dans les transports de l’amour divin !


Or, dans ces classes où le travail peut se métamorphoser en amour, la peine en s’éloignant des membres entre si avant dans l’âme, qu’on ne saurait la dire sans connaître le langage des saints. N’entrons donc pas dans le royaume des douleurs invisibles ; ne montons point sur ces sommets où la douleur descend par le divin délaissement ou par soustraction d’espérance.

Car l’espérance ne vient pas de l’homme. Ce qu’il appelle de la sorte est un rayon de l’Infini qui lui arrive à travers le brouillard de la vie. Lorsque Dieu ferme son ciel pour voir combien ses âmes l’aiment, elles se sentent prises d’une telle mélancolie, que leurs angoisses deviennent aussi cuisantes que le remords. Percées d’un glaive et comme privées de lumière,