Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/157

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notre âme vaut devant Dieu. C’est à son jugement que l’on peut distinguer nos vertus réelles ; et tel qui semble grand peut n’être encore que fort peu au-dessus du néant. Dieu, qui voit les âmes, dépêche la douleur auprès d’elles, pour les contraindre à s’élever, puis à se rapprocher de cette perfection qui sera la mesure de leur félicité sans fin.


Qui voit comment son âme est faite ? Qui sait où son égoïsme est fixé ? qui sait où se tient son amour ? Souvent l’endroit le plus parfait et le plus délicat du cœur est celui où l’humilité pénétrait seule. Ou bien, par la vieille habitude d’un vice, on perd de vue la plus grosse méchanceté de son âme. La douleur seule nous trouve. Tout homme est fait comme sa douleur.....

Qui remplacerait en lui cet ouvrier invisible ? On est toujours étonné plus tard que la douleur ait visé si juste. Puis, aussitôt que le cœur s’arrête, la douleur le remet en marche. Dans les âmes que Dieu veut rendre parfaites, il faut qu’elle ait passé partout. À chaque pas, sur sa