Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/158

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trace, elle laisse une abnégation. Ô vous qui désirez l’amour, laissez Dieu mener votre âme par où il faut !

Lorsqu’on a longtemps souffert, on est un jour surpris de ne plus retrouver tout son égoïsme. Le raisin qui n’est pas mis sous le pressoir pour donner son vin pourrit ou se dessèche. La douleur use et renouvelle le moi plus rapidement que la vie. Après de longues douleurs, l’homme empressé de visiter son âme trouve ses plus gros vices abattus. Telle que le burin sur le tour, vous la verrez constamment se placer sur les côtés les plus saillants. À la place d’une forte passion, d’une excroissance de l’orgueil, elle fait alors naître une fleur ! O vous qui cherchez la beauté, laissez Dieu former pour votre âme la couronne qu’il lui prépare !


Tout en croissant sur sa tige de liberté, la noble plante spirituelle ne se déformera point ; la douleur vient pour la découper suivant des proportions immortelles. Prenons-nous trop de fermeté ? Dieu nous en retirera pour que nous res-