Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/162

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un peu, car la mort sera détruite. Tout ce qui passe avec le temps est peu, mais ce n’est pas peu de gagner le royaume de la joie éternelle. Pour le posséder, c’est-à-dire pour entrer en Dieu, il faut sortir de nous-mêmes ; or, on n’arrive pas à ce renoncement sans souffrir. Mais la croix mène droit à la Gloire.....

Cependant ceux qui souffrent se verraient peu à peu dépérir au sein de l’illusion, s’ils s’en tenaient à la pure contemplation de ces vies consolantes. L’homme est bien moins souffrant dans sa pensée que dans son cœur ; et c’est en vain que la lumière viendrait réjouir l’une, si la pratique, mère de la force et bientôt de la joie, ne venait pas en aide à l’autre. Au reste, comment séparer la douleur de la prière, la main qui porte le fer dans la plaie de celle qui le retire ? Comment, aussi, parcourir ce Chemin de la croix qu’on surnomme la vie sans appeler à soi la Mère des douleurs, elle qui, dans ce trajet, ne voulut pas laisser seul même son divin Fils ?.... Sans le secours d’En-Haut, combien tout est vide et désert, combien tout est dur en ce monde !