Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/17

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plages dépouillées où la famille ne présente que quelques plantes en partie desséchées et où l’amitié n’offre plus à chaque pas ses sources rafraîchissantes, c’est dans ces sables arides où la bienveillance, l’honneur et l’urbanité finissent par périr, que se voient en ce moment jetées des âmes pleines de sensibilité et d’attendrissement.


Peut-être oublions-nous que, pour fortifier et apaiser le cœur de l’homme, pour l’empêcher de trop s’ouvrir à cette vie. Dieu, voulait qu’il fût partout absorbé par la vie pratique. Partout il appelait les fils des hommes à travailler sans répit pour pouvoir subsister ; et les filles des champs n’avaient, à leur tour, pas un moment pour lire ou pour rêver. Aussi possédions-nous des races fortes, races trempées dans la pratique et produisant des hommes. Aujourd’hui, nous les remplaçons en tous lieux par une race de liseuses, de suffisants et de rêveurs.

Pour remédier à la faiblesse de volonté dans laquelle nous a laissés la Chute, Dieu nous donna pour traitement une vie où l’effort vient rétablir la volonté et fait rentrer la générosité dans le cœur.