Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/16

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aidait encore à défendre les abords de ce petit Eden, qu’enrichissait ses traditions et que venait tout autour embellir l’amitié. Là, chaque cœur avait sa paix, et chaque esprit sa joie exquise. Aujourd’hui, il est dur de le dire, on se passe des affections domestiques aussi bien que de l’amitié..... Par suite de l’ingratitude et de la grossièreté des cœurs, les fils cherchent à se dérober à la tutelle et à la tendresse de leur père ; et si, d’autre part, les cercles, les cafés, les affaires retiennent outre mesure l’homme hors du foyer, la toilette exagérée des femmes montre que la pensée de celles-ci n’habite plus paisiblement leur intérieur. Tout entraîne les cœurs, plus que jamais légers et durs, à remplacer le bonheur par des distractions éphémères.

Une étrangère disait après avoir passé un hiver à Paris : « Je n’aime pas Paris, parce qu’on peut s’y passer du bonheur. » Actuellement, la plupart des hommes veulent se passer du bonheur ; car il exige des vertus qu’on ne prend plus la peine d’acquérir. Le cœur s’en va, le cœur nous manque, et le chagrin est venu se loger dans cet orbite laissé vide. C’est au milieu de ce « désert d’hommes », c’est sur ces