Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/171

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Qu’il écarte la faim de l’esprit, il est pris par celle du cœur : soif du bien ou soif de l’amour. Et s’il cherche à leur échapper par l’indifférence, alors s’ouvre en lui cette inexprimable peine de vivre qui appelle la mort. On ne sait pas combien de besoins l’Infini tient en réserve dans les âmes pour les attirer peu à peu jusqu’à lui !

Il est inutile à l’homme de saisir un bien de tout son cœur ; tout son cœur, d’un autre côté, sera saisi par l’amertume. Le plus souvent, celui qui est en paix dans l’amour, s’appauvrira ; celui qui est content dans la gloire, souffrira ; et celui qui est joyeux dans la fortune, la perdra. L’homme ne saurait goûter la paix plus d’un jour. Dès que la vie ne lui coûte rien, elle lui devient inutile. L’âme qui a connu le plus d’amertume est celle que Dieu n’a pu quitter un instant. Il se passait quelque chose de merveilleux pour le ciel : il fallait recevoir le métal pendant qu’il était en fusion… une vertu de plus germait dans la dernière douleur. De tout ce qui se fait en nous, n’emportons qu’un attendrissement : si nous savions combien Dieu aime ses âmes !