Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/194

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l’Infini, reconnaissons la légitimité de l’existence !

Voudrait-on renoncer à l’être ? la lâcheté ne serait pas avouable. Certainement l’épreuve est complète, et l’âme n’a pas une place où ne puisse pénétrer la douleur. Mais si l’épreuve n’était pas complète, comment pourrait l’être la joie ? Possédons-nous vraiment notre substance ? Vient-elle de nous ? Est-elle à nous ?..... La création est la grande tentative de l’Infini ; il faut nous y prêter ! Qui refuserait de combattre avec le Tout-Puissant ?..... Nous vivrons, puisqu’à toute heure nous pouvons faire quelque chose avec Lui !

Celui qui souffre et qui ne porte pas un grand cœur, prend vite le parti de l’homme. Il croit établir avec justice la part du bien et du mal. L’humanité, si noble et si infortunée (comment se le dissimuler !) est enchaînée au malheur, et Dieu lui semble bien sévère. À son insu, la rancune prend en lui peu à peu la place de l’amour. « Eh ! s’écrie-t-il, cette existence si amère est-elle réellement un bien ? Il faut évidemment que le mal un jour disparaisse ! Il est vrai que l’homme fait du mal, mais il est clair aussi qu’afin de