Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/197

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L’âme, en entrant au Ciel, poussera un cri d’amour qui fera disparaître, comme une fumée vaine, tous les chagrins qu’elle a connus ; un cri de reconnaissance et de joie, dans lequel, si elle était encore ici, elle voudrait mourir..... Or Dieu la tire de cette première extase, qui lui aurait suffi, pour l’introduire dans de tels ravissements, que (les triples portes de l’abîme se fermant derrière elle) tout ce qui l’a peinée sur la terre ne sera pas seulement évanoui, mais changé en d’indicibles joies.

Emportée sur les hauteurs sublimes, il lui semble aussitôt qu’elle les a toujours habitées, et que toutes ses douleurs ont été des délices d’amour. L’éternité se fait en elle, et l’âme croit qu’elle a toujours aussi tendrement aimé Dieu. L’homme mourrait instantanément s’il se doutait de la beauté de Dieu, si seulement il se doutait de celle de l’homme qui entre, par les mérites du Sauveur, dans les embrassements de l’Être ineffable. Ne sois donc plus triste, ô mon âme ! et pourquoi me troublerais-tu ?