Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/229

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Il faut bien qu’ils aient constitué une préparation !

Est-ce à dire que l’antiquité se sauvait ainsi sans la Grâce ? — Bien au contraire, puisque Dieu, par un art inouï, nourrissant l’homme dans la patience, que saint Grégoire appelle « la racine de toutes les vertus », le préparait à recevoir plus aisément et plus abondamment la Grâce. Si quatre mille ans ont préparé le genre humain au travail libre, dès le principe, les peines si ingénieuses de la vie n’ont-elles pas préparé l’individu à la Grâce justificatrice ?

Saint Cyprien nous déclare que « la patience conduit à tout, s’étend à tout. » On voit saint Jacques, Tertullien et Bède attribuer à la patience les effets que saint Paul attribue à la charité, « car celle-ci ne souffre tous les maux que parce qu’elle est patiente. » Saint Augustin va jusqu’à dire que « Dieu, qui ne peut souffrir, ne voulant pas que la patience manquât à sa gloire, a voulu réparer le monde en souffrant ; qu’il est plus glorieux à Dieu de pouvoir souffrir que de pouvoir agir ; que la patience, alors, changeant de condition depuis que Dieu l’a unie à sa nature, n’est plus une qualité servile, mais une vertu royale, céleste et divine ! »