Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/230

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L’esclavage fut une école de patience, de soumission, d’abnégation, d’humilité. L’orgueil seul empêche la grâce de pénétrer dans l’âme, et c’est l’humilité, ôtant l’obstacle, qui l’y laisse entrer. Or, l’homme antique trouvait dans l’esclavage comme un traitement obligé de patience et de résignation, qui le rapprochait du renoncement, suprême vertu de l’âme et fin morale du Christianisme. — Cependant ces raisons[1], loin de constituer un droit à l’esclavage, ne font qu’indiquer pourquoi, vu l’état de la nature humaine, et dans son intérêt, Dieu a toléré si longtemps l’esclavage au sein des peuples.

Les esclaves, dès lors, devaient-ils tous être sauvés ? — Tous au moins rentraient dans la meilleure position pour l’être..... Dieu plaça les anciens

  1. Sans la chute, l’esclavage n’aurait pas existé..... On déclara l’esclave fait pour l’utilité d’autrui : rude école pour amener des légions d’âmes à exister, non pour elles, mais pour celui qui leur réserve le bonheur !

    Or, parce qu’il apportait sur la terre le service véritable que l’âme doit à Dieu, et parce qu’il rétablissait pour l’homme les droits de la famille, le Christianisme ne pouvait souffrir l’esclavage. Il l’abolissait à mesure que les âmes se montraient capables de se livrer au travail libre et de se soumettre au joug intérieur.