Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/266

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

destinées, l’homme aperçoit sa vie comme un faible point ballotté sur l’immense océan des douleurs. L’homme est tellement convié à souffrir qu’un poète ne craint pas de le rappeler « à cette partie de lui-même où gît toute sa force, à savoir : la douleur ».

La remarque faite ici pour la douleur est à faire pour la liberté, dont les efforts se trouvent également dans une inexplicable disproportion avec la débilité de l’homme. Un seul acte de pleine et entière liberté ne pouvait-il suffire à fixer la responsabilité dans un être ? C’est ce qui eut lieu pour les anges, puisque la succession fut à peine ouverte devant eux, et qu’ils n’en furent pas moins fixés dans une direction irrévocable. Et, pour Adam, le fait est bien plus frappant encore, puisqu’un seul acte décida du sort de sa race entière.

Que l’homme donc soit mis une fois à l’épreuve, et qu’une fois il en sorte victorieux, n’a-t-il pas décidé de la direction de son âme et du choix de son cœur ? Mais voilà qu’aussitôt l’épreuve reparaît ; et elle reparaît à tous les