Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/44

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il se produit alors un résultat complet. Le corps, rappelé à la privation, se sent délivré des mouvements désordonnés qu’entraînait sa prédominance et rentre avec satisfaction sous l’hygiénique empire de la vertu. L’âme, se sentant initiée à l’humilité, rentre dans sa propre possession spirituelle, et reprend avec joie les douces résolutions de l’innocence.

Cette révolution opérée tout à coup dans le corps et dans l’âme est l’œuvre de la douleur. L’homme a-t-il perdu toute force morale ? est-il tombé au fond de l’inertie et de la corruption ? en un mot, est-il incapable de s’élever au bien par les actes de sa liberté ? confiez-le à la douleur, elle l’amènera peu à peu vers les niveaux de la vertu.

Quel est donc ce mystérieux agent ? Quoi, la douleur ! N’est-elle pas l’opposé de l’état éternel ? N’est-elle pas contradictoire à l’être ? La fin absolue étant le bonheur, se pourrait-il que l’être s’y élevât par le moyen de la douleur ?

Cherchons ce que c’est que la douleur. Mais d’abord, la douleur n’est pas de l’être ; on la voit placée à côté du mal pour l’extirper de l’être. Sans