Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/45

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le mal, la douleur ne serait pas née, elle ne serait point entrée dans le temps. Mais, à cette heure, elle trempe l’être dans ses flammes pour le purifier ; on voit ainsi le métal en fusion rejeter une écume de sa substance embrasée.


L’homme est fait pour l’Infini. S’il avait montré, premièrement, assez de volonté pour s’imposer de lui-même les efforts nécessaires à la formation de sa personnalité, et, secondement, assez de cœur pour s’imposer de lui-même les sacrifices nécessaires à la formation de son amour, la douleur n’eût pas existé. La douleur est un remplaçant du travail et un suppléant de l’amour.

Ayant été créé dans l’état de justice et d’innocence, l’homme se trouvait placé, en tant qu’être, immédiatement au-dessus de la douleur. Il était formé, il lui restait à se développer : le soin en était remis à ses œuvres. En cet état, l’action suffisait à l’éducation de sa volonté, et l’obéissance à celle de son cœur ; la peine n’était pas devenue un supplément nécessaire à la formation de la première, ni le sacrifice un supplément nécessaire