Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/82

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Il faut qu’il se continue ; l’obstacle ancien ne suffit plus. Car celui dont le corps agile obéit n’exerce qu’une volonté facile : l’acte n’est plus un effort ; et celui dont le cœur jeune vit content, porte une affection naturelle : l’amour n’est plus un sacrifice. Ainsi l’homme vers l’âge mûr.

L’âme a grandi ; elle va ceindre une plus grande armure. Pour augmenter la lutte de la volonté, il ne faudra qu’augmenter un peu le poids de l’entrave organique ; pour accroître l’exercice du cœur, il ne faudra que resserrer un peu le fil qui le rattache à lui-même. La vieillesse tient, pour cet effet, la grande vis micrométrique de l’existence.

Aussitôt donc que la volonté s’est rendue maîtresse du corps, la maladie, hâtant le pas de l’âge, vient doubler le poids du boulet. La volonté usait d’un corps agile : elle emploiera un corps souffrant ! Pour le mouvoir, un double effort partira d’elle. Et aussitôt que le cœur commence à s’échapper du moi, la souffrance, augmentant l’instinct de la conservation, double le lien qui le rattache à lui-même. L’homme portait un cœur léger : il le sent chargé d’amertume !