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Page:Blandy - L Oncle Philibert.djvu/184

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L’entrée de la servante, qui vint annoncer l’arrivée de la Bourbonnaise, mit fin à cette explication. Après avoir averti ses maîtres, la grosse Marion courut chercher Vittorio, qui était seul dans l’ancienne chambre de son père, Paul et Alice étaient, ce jour-là, en visite chez une de leurs cousines à Lugny. Il accourut et se trouva dans la salle à manger presque au moment où les maîtres des Ravières y saluaient la veuve Sauviac.

En dépit de ses préventions, Claude Chardet trouva une bonne physionomie à la Bourbonnaise. C’était une toute petite femme, dont les traits altérés par le chagrin avaient néanmoins un grand charme de franchise et de vivacité. On aurait pu reprocher tout au plus à ses sourcils d’être trop accentués, ce qui donnait de la dureté à son œil noir ; mais les premières paroles de la veuve furent si reconnaissantes, elle étendit ses deux mains vers ses hôtes par un tel mouvement d’effusion, que Claude Chardet se sentit disposé à ne pas lui en vouloir de ses précédentes démarches, avant d’en avoir appris les motifs.

Elle les donna vite, et le maître des Ravières comprit qu’il n’y avait eu qu’un scrupule de discrétion, là où il avait cru voir une inquisition blessante.

« C’est mon pauvre Jacques que je devais aller voir le premier, dit-elle en pleurant. Ah ! j’ai tout perdu en lui… me voici seule au monde.

— Non, lui dit l’oncle Philibert, il vous reste vos enfants, et en voici un que vous n’avez pas regardé depuis que vous êtes ici, car il se tenait là, dans un coin, trop timide pour oser se jeter dans vos bras, comme il le souhaitait. Ce sera votre consolation et plus tard votre soutien. Vous serez heureuse par lui, et déjà vous pouvez en être fière. »

Vittorio s’était avancé, tout tremblant, et ce qu’avait dit l’oncle Philibert se montra juste. Après un élan vite ré-