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Page:Blandy - L Oncle Philibert.djvu/185

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primé pour se jeter au cou de la Bourbonnaise, il se borna à prendre la main de Mme Sauviac et à se serrer contre elle en élevant des regards suppliants.

La veuve ne se baissa point vers le jeune garçon pour lui donner le baiser maternel qu’il implorait.

« Vittorio ne me doit rien, dit-elle, je n’attends rien de lui. Que j’aie eu tort ou raison, je ne l’ai pas aimé ; il n’est donc obligé à rien envers moi.

— Comment est-il possible que votre cœur ne vous dise rien pour lui ! s’écria tante Catherine. Il n’est avec nous que depuis un mois, et nous aurons tous du chagrin à nous séparer de lui.

— Mère, dit Vittorio, je vous aime, moi, je veux travailler pour vous et pour mes sœurs. Mon père Sauviac comptait bien que je leur consacrerais ma vie en échange de ce qu’il a fait pour moi. Il me disait souvent : « N’oublie pas qu’après moi tu es le seul homme de la famille, et que nous avons cinq filles à élever. »

— Eh bien ! madame Sauviac ? dit Claude Chardet à la Bourbonnaise qui restait muette devant ces protestations de son fils adoptif.

— Écoutez-moi, dit-elle enfin ; j’ai peut-être très grand tort ; mais je n’ai jamais pu aimer chrétiennement cet enfant-là, parce qu’il me semblait qu’il volait à mes filles l’affection de leur père, et que mon pauvre défunt s’était attaché à un étranger par dépit de n’avoir que des filles à la maison. Notre curé m’en grondait, mais c’était plus fort que ses raisonnements.

— Ce n’était pas fort sensé de votre part, répliqua le maître des Ravières ; il était bien naturel que votre mari s’attachât à un pupille qui lui faisait honneur. Puisque vous n’avez que des filles (qui sont la plupart du temps une charge