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Page:Blandy - L Oncle Philibert.djvu/49

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table de travail un grand carton in-folio contenant une centaine de feuilles couvertes chacune d’un papier de soie.

Cette indiscrétion fut décelée par un cri d’admiration échappé à Paul qui l’avait suivi.

« Oh ! les belles images ! s’écria l’enfant. Est-ce toi qui as peint ces jolies fleurs, mon oncle ? Et ces papillons bleus, et ces scarabées ? »

Ce cartonnier contenait, en effet, les planches d’un ouvrage que Philibert consacrait à l’étude des insectes de Saône-et-Loire et qu’il composait patiemment, sans espérer jamais le mettre au jour, tant les dépenses de publication en auraient été fortes, car chaque planche coloriée représentait l’insecte sous toutes ses formes, de grandeur naturelle et grossi au microscope, accompagné de la plante dont il vivait et de celle où il déposait ses œufs au moment de quitter son existence éphémère d’insecte parfait. D’après les prévisions les plus ambitieuses de ce modeste adepte de la science, cet ouvrage devait être légué à l’académie de Mâcon et servir, dans ses archives, aux études de quelques fureteurs de bibliothèques.

L’exclamation de Paul attira son oncle, qui ne vit point sans appréhension ses aquarelles livrées aux mains pataudes de Joseph Courot. Il s’approcha de la table, ferma sans affectation le portefeuille, en noua les cordons et dit :

« Il s’agit d’aller diner, mon petit Paul. Tu vois que tout le monde a pris place. Demain je te montrerai tout cela, si la chose t’intéresse.

— Je le crois bien ! s’écria le petit garçon.

Ah ! dit Joseph Courot, c’est donc pour faire leurs portraits que tu cours dans les champs après les bestioles ? Philibert, mon ami, c’est une drôle d’idée. À quoi cela sert-il ? Qu’est-ce que cela te rapporte ? »