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Page:Blandy - L Oncle Philibert.djvu/50

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Les convives étaient déjà placés selon leur fantaisie ; seulement Claude Chardet avait réservé à ses côtés deux places pour Paul et Alice. Il en restait deux autres encore après les chaises renversées sur la table qui attendaient les deux enfants ; l’oncle Philibert s’assit auprès de sa nièce pour la servir et Joseph Courot s’installa auprès de Paul. Quant à Mme Catherine Chardet, elle était assise en face de son beau-père, prête à se lever au moindre défaut dans le service.

Le premier quart d’heure du souper fut silencieux ; chacun avait faim et faisait honneur au potage et à la dinde en daube. Aussi tout le monde entendit-il Joseph Courot qui faisait l’aimable en jurant à Paul qu’il allait s’ennuyer à Uchizy.

« Vous devez trouver notre trou bien laid ? lui disait-il ; il ne ressemble guère à vos belles maisons de Lyon.

— Oh ! pas du tout, répondit Paul avec un bon rire ; mais ce n’est pas une raison pour que je m’ennuie chez mon grand-père.

– N’importe ! dans quelques jours vous en aurez assez de la campagne. Elle n’est déjà pas si belle en cette saison-ci ; il n’y a aux arbres ni une feuille, ni un fruit, et vous regretterez vos petits amis de la ville.

— Bah ! je les reverrai bientôt, repartit le jeune garçon, sans se douter que cette espérance blessait son grand-père et son oncle.

— Vous ne pourrez pas jouer avec les petits Chizerots, continua Joseph Courot ; ils sont trop rustauds pour plaire à un jeune monsieur.

— Pas du tout, je les trouve très drôles. J’ai déjà joué à la toupie avec le petit Jean-Marie au père Billot ; il ne savait pas la faire tourner, d’abord parce qu’il ne connaissait pas le jeu, et ensuite qu’au moment de la lancer, il éternuait, oh ! il éternuait à faire croire qu’il avait respiré du poivre. Alors je