Aller au contenu

Page:Blandy - La Teppe aux merles.djvu/13

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Mme Agnès Tailland présidait d’un air bénin à l’inauguration du nouvel état de choses de sa maison ; sa toilette était à la hauteur des circonstances ; elle était coiffée en cheveux, et des bagues massives ornaient ses doigts. Quant à Joseph Tailland, pour juger de la satisfaction de son amour-propre, il n’y avait qu’à le voir rouler à travers les comptoirs sa ronde et courte prestance, et qu’à l’entendre répondre aux compliments des acheteuses :

« Oui, j’ai fait des folies ; mais il faut bien se mettre à la hauteur de son temps ! »

Lui et les deux petits commis s’agitaient à déployer des étoffes, à ouvrir des cartons, le tout sans profit immédiat, car les campagnardes ne desserrent leurs bourses que lorsque celles-ci ont été gonflées par le produit de leur vente. Or, comme il n’était que onze heures du matin, les villageoises se bornaient à regarder et à marchander, et voilà pourquoi Mme Tailland restait assise derrière son comptoir.

Tout à coup, sa mine nonchalante s’anima, Était-ce bien Mme Hoisel qui se dirigeait droit vers elle à travers ce flot de campagnardes assez malapprises pour gêner la circulation avec leurs paniers ? Quel succès si la femme du médecin le plus renommé de Tournus deve-