cet empressement de sa sœur à propos d’un objet futile à son propre gré, parce qu’il avait attendu des premiers mots échangés avec les siens un moyen de leur causer une aimable surprise. Resté assis sur le siège de la voiture, il ne songeait pas à aller aider son père qui dételait Noiraud tout en causant avec sa femme, et c’était de ce poste élevé que le grand frère faisait ainsi la leçon à sa jeune sœur.
Mais celle-ci n’était pas bien disposée en ce Moment à subir les morales de son aîné, et il y parut dans cette réponse qu’elle fit en se rapprochant de lui d’un air tant soit peu provocant :
« Est-ce que tu es plus patient que moi, quand papa ou maman l’a promis quelque chose ? Est-ce que j’ai murmuré contre mère ? Pas du tout ; puisqu’elle a été malade, elle à bien pu m’oublier ; mais elle ne peut pas être fâchée que je regrette ma poupée, Ah ! quand donc est-ce que je l’aurai !
— Tout de suite ! tout de suite !… La voici, la poupée à Reine ! » cria une petite voix à demi étouffée, pendant que, dans la jardinière, paniers à volailles, corbeilles à fruits et limousines s’agitaient comme d’eux-mêmes et dispersaient à droite et à gauche le tas échafaudé qu’ils formaient au milieu de la voiture.