Rosalie surgit tout à coup de cet amas de vanneries croulantes, un peu décoiffée et les joues d’un ton de cerise vif.
« Tante Madeleine n’a pas oublié sa promesse à Reine, continua Rosalie, tout en faisant avec ses mains et ses bras des gestes raides à la façon des pantins articulés ; mais il n’y avait à la foire que de méchants poupards à vingt-neuf sous, et elle ne les a pas trouvés assez jolis pour sa fille ; elle a préféré lui rapporter une poupée perfectionnée qui marche, qui parle… et qui parle mieux que toutes les autres, car dès qu’elles ont dit : « papa et maman », elles n’ont plus qu’à se taire… ou à recommencer. »
Reine était d’abord restée stupéfaite de surprise ; à la fin de ce petit discours, débité si drôlement par la poupée improvisée, elle grimpa sur le marchepied de la voiture pour aller embrasser sa cousine, Celle-ci eut l’espièglerie de rester dans son rôle, Les bras collés au corps, elle reçut dans une immobilité parfaite les deux gros baisers de Reine,
« Eh bien ! dit celle-ci, faut-il que je t’emporte dans mes bras si tu veux faire la poupée tout du long ? Ah ! que je l’aime mieux que ce que j’attendais, et comme je vais remercier maman !