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Page:Blandy - Le Petit Roi.djvu/115

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« Qu’on le tue ! criait Stéphane en agitant sa main ensanglantée. Qu’on tue cette bête malfaisante !

— On ne tuera pas Mandarin, dit la gouvernante d’une voix ferme ; il ne l’a pas mérité. Le coupable, ce n’est pas l’animal, c’est vous. » Et elle se borna à recommander à Ermolaï de consigner Mandarin dans sa niche sans lui faire aucun mal.

Stéphane était furieux : son sang, son précieux sang coulait ! mais il avait besoin d’être pansé : il tendit sa main à Mlle Mertaud, qui la lui baigna dans de l’eau fraîche et l’entoura avec beaucoup d’adresse d’un bandage sans adresser à son élève aucune remontrance. De quelle utilité eussent été des paroles là où le fait lui-même était une leçon ?

Cette leçon eut même pour Stéphane une morale qui fut de plus longue durée que les souffrances de sa blessure. Quand la comtesse, alarmée du caractère de la morsure que son petit-fils avait reçue, se fut bien assurée que Mandarin n’était pas enragé, les honneurs du salon furent rendus au chien chinois.

Celui-ci reprit son train de favori, aux priviléges duquel son naturel aimable et enjoué le prédestinait ; il se remit à sauter dans les cerceaux que lui tendait Arkadi ; il rapporta les pelotons de laine et les journaux que lui lançait miss Suzanne ; il fit le beau devant les assiettes de gâteaux du thé ; mais en quelque joviale disposition qu’il fût, il ne vit jamais Stéphane s’approcher de lui