Aller au contenu

Page:Blandy - Le Petit Roi.djvu/132

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

amusé un instant au village, et pour l’en récompenser, votre bon plaisir n’a trouvé rien de mieux que de décréter sa mort.

— Je ne voulais… balbutia-t-il, je ne voulais que faire une plaisanterie à M. Carlstone.

— Une plaisanterie ? Levez les yeux, Stéphane, et regardez M. Carlstone. Voyez sur ses habits en pièces les traces de sa lutte avec l’ours. Que serait-il arrivé à votre cousin et à votre professeur si celui-ci n’eût possédé un courage que tout le monde n’eût pas eu à sa place, et une présence d’esprit plus rare encore ?… Vous avez la plaisanterie tragique, Stéphane ! Eh quoi ! personne n’a résisté à votre dangereux projet ? »

Mlle Mertaud voulait savoir s’il ne se disculperait pas aux dépens de ses complices.

Mais le petit roi méritait à tous égards son surnom ; il y avait en lui, à défaut de justice, un grand fonds de dignité et d’orgueil qui le préservait de la bassesse du mensonge.

« Ils m’ont tous deux résisté, Ermolaï et l’homme, répondit-il, j’ai commandé… sans réfléchir. Ils m’ont obéi malgré eux. »

La gouvernante regarda Ermolaï et le bohémien : « Oui, s’écria ce dernier, Son Honneur dit vrai. Dieu le bénisse de ne pas accabler un misérable, mais il m’a ruiné !… ruiné !… Pauvre Napoléon ! si gai, si doux ! que j’avais élevé avec du gruau et du lait de brebis ! Va !