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Page:Blandy - Le Petit Roi.djvu/144

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qui double le prix de la docilité, mais enfin il cédait à la raison. Quelquefois même il oubliait sa réserve et sa morgue pour confier à sa gouvernante que son premier mouvement était toujours de résister et son second d’être humilié de recevoir un ordre, lui qui avait si longtemps commandé à tous. Elle lui fit à ce sujet une observation qui le frappa.

« Ce sont ces habitudes, lui dit-elle, qui vous ont valu le surnom de petit roi, dont vous avez le tort d’être fier, car un jour viendra où vous vous apercevrez qu’il n’est de vraie royauté que celle qui est due au mérite. Une chose à ce sujet m’a toujours étonnée : c’est qu’avec ce besoin de domination vous n’ayez jamais essayé d’asservir un des principaux personnages de la maison Alénitsine.

— Et lequel ? demanda-t-il vivement. Avant votre arrivée, personne ne me résistait. Lequel donc ?

— Ne le connaissez-vous pas ? C’est un certain Stéphane Paulowitch qui, prétendant commander à tous, n’a jamais su se commander à lui-même. Quand s’est-il jamais dit : « Mon caprice m’ordonne ceci… Je ne veux « pas être esclave de mon caprice. Je n’entends pas lui « obéir. » Quand s’est-il défendu de suivre une idée bizarre qui lui venait à l’esprit, dût-elle être nuisible soit à lui, soit aux autres ? Stéphane Paulowitch a eu des serviteurs dociles dans tous ceux qui l’entouraient, mais il a été le plus docile, le plus humble de tous. Le petit