Aller au contenu

Page:Blandy - Le Petit Roi.djvu/145

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

roi, pour tout dire, n’a jamais été que l’esclave de lui-même. Vous avez été un petit, un bien petit roi, en effet, le jouet de vos plus absurdes fantaisies. Une volonté raisonnée, réfléchie, vous ne saviez ce que c’était, et voilà pourquoi dans votre surnom les gens de bon sens n’ont jamais vu qu’une satire de vos défauts. La première qualité d’un roi, Stéphane, c’est de savoir se commander à soi-même.

— Se commander… se commander à soi-même ! » répéta plusieurs fois Stéphane d’un ton méditatif ; puis il répondit gaiement à sa gouvernante :

« Voyez vous cela ! Je ne m’étais pas avisé de l’impertinence de ce Stéphane… Et vous, tout en douceur, oh ! c’est votre manière ! vous me dites à son sujet les choses les plus humiliantes pour ses prétentions despotiques… Ah ! il m’a toujours résisté ! je vous montrerai, mademoiselle, que je suis de force à asservir ce garçon-là. Pour vous le prouver, je lui impose la privation de la promenade et il va faire, pendant qu’Arkadi s’amusera, tous ses devoirs de demain matin : sa version grecque, son résumé de physique et sa narration française.

— Voulez-vous l’attaquer du premier coup à l’endroit sensible ? lui demanda Mlle Mertaud, en profitant de la plaisanterie pour donner un bon conseil.

— Dites, mademoiselle, je me sens capable de tout contre ce faux roi-là.

— Commandez-lui d’être enfin bon et convenable avec