Page:Blandy - Le Petit Roi.djvu/166

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que le Taïcoun manquait à cette tradition, se sont révoltés, l’ont détrôné et ont remis tout le pouvoir au Mikado afin qu’il les ramenât à sa suite aux errements de 1100 et quelques. Il ne faut pas me demander ce qu’ils ont fait de ce Taïcoun trop hospitalier — ils l’auront peut-être forcé à s’ouvrir le ventre pour le punir d’avoir ouvert les ports de mer, ou ils l’auront crucifié, puisque ces deux supplices sont à la mode dans ce pays des hommes jaunes.

— Rassure-toi, mon fils, répondit le comte Pavel à son neveu ; le Taïcoun, ce brave jeune homme si intelligent, s’est retiré dans ses domaines particuliers où il passe sa vie à apprendre les langues et les sciences occidentales, sans trop regretter le pouvoir peut-être. Mais comment es-tu si savant ? Pourquoi le Japon t’intéressait-il tant ?

— Parce que vous y étiez, mon oncle.

— Brave enfant ! » s’écria le comte Pavel qui se leva de son fauteuil pour aller embrasser Arkadi.

Il s’établit un silence, particulièrement pénible pour la comtesse qui souffrit de la comparaison que le comte Pavel pouvait établir entre les réponses des deux enfants. Elle aimait assurément Arkadi ; mais il avait le tort de lui rappeler les chagrins que son second fils lui avait causés par sa légèreté, ses dissipations et sa ruine ; elle redoutait de trouver en son petit-fils les instincts paternels que son étourderie rappelait en effet ; puis, elle ne

l’avait pas élevé dès son bas âge comme Stéphane, et en-