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Page:Blandy - Le Petit Roi.djvu/189

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— Assez, interrompit le comte ; moi je suis très-satisfait de cet homme-là ; mais je ne prétends pas vous imposer ses services s’ils vous sont désagréables. Vous vous servirez donc vous-même désormais.

— Moi-même ! Est-ce possible ?

— Vous-même. Vous trouverez au fond dans la lingerie des brosses pour vos vêtements, de l’eau chaude sur la fourneau, enfin le nécessaire. J’ai défendu à Jérôme d’entrer chez vous à partir de ce matin, autrement que pour faire votre chambre quand vous n’y serez pas. Voilà qui est bien entendu.

— Me servir ! Mais c’est dégradant pour moi, mon père.

— Vous croyez ?… Ce que je trouve dégradant, moi, c’est de n’avoir soin ni de si propre dignité ni de celle des autres, ces autres fussent-ils ce que vous appelez des inférieurs. Vous êtes heureux que Jérôme ait eu de la sagesse et de la patience. Beaucoup de domestiques français n’eussent pas supporté d’un enfant de votre âge l’insulte que vous avez faite à celui-ci. Nous ne sommes plus en Russie, mon fils. Mais en voici assez : vous aurez désormais en vous-même un serviteur que vous traiterez avec plus d’aménité. »

Dès que Stéphane vit la comtesse, il ne manqua point d’essayer de l’apitoyer sur son sort, et sa grand’mère lui eût promis assistance si Mlle Mertaud ne se fût trouvée là. La gouvernante conjura d’un seul regard