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Page:Blandy - Le Petit Roi.djvu/195

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fabrique et s’être étonnés de voir courir les navettes agiles derrière ces tissus nuancés comme des tableaux de maître, les enfants avaient souhaité revenir à pied, de sorte que leurs jeunes estomacs furent bientôt tiraillés par la faim. Lorsqu’ils se plaignirent presque simultanément de cet effet de leur longue course, il était trois heures et la petite troupe passait sous les arcades de la rue de Rivoli.

« Un goûter ne fera pas tort au diner de sept heures, dit M Carlstone. Nous nous arrêterons à la pâtisserie anglaise. »

Quand ils y entrèrent, le magasin était plein de belles dames et d’enfants sortant des Tuileries. Des groupes nombreux stationnaient autour des buffets et des étalages et se mirent à chuchoter en se montrant Tada-Yoci.

Quelque discrète que fût cette curiosité parisienne, Arkadi la remarqua, et sa petite vanité fut satisfaite de se prêter à une exhibition exotique. Quand la demoiselle de magasin vint lui offrir une assiette et une fourchette en lui désignant les coupes de cristal pleines de chatteries, il lui dit à haute et intelligible voix :

« Non, rien de sucré ; des sandwichs et des pâtés aux crevettes ; nous avons très-faim, moi et mon Japonais. »

On se poussa le coude ; l’on regarda de plus belle Tada-Yoci qui conservait un sérieux vraiment asiatique. Les allées et venues se succédaient dans le magasin, et comme les enfants avaient réellement l’appétit éveillé,