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Page:Blandy - Le Petit Roi.djvu/227

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posait à aller expliquer son absence, et le comte dit au chirurgien :

« Je croyais qu’il n’existait pas de taillerie de diamants en France. Les Hollandais avaient gardé jusqu’à ces derniers temps le monopole de cette industrie.

— Aussi cet établissement date-t-il de cette année, répondit le docteur, et c’est le premier qui soit fondé en France. Je connais le directeur. C’est un homme énergique, intelligent, qui a voulu doter son pays d’une industrie qui lui manquait. Il a débuté sans un seul ouvrier, avec des enfants de l’âge de celui-ci dirigés par des contre-maîtres qui sont d’habiles professeurs de taille. Un apprentissage de quatre ans serait long pour une famille qui devrait nourrir l’apprenti. Le directeur prend donc tous les siens chez lui, et leur distribue, avec le pain quotidien, la nourriture intellectuelle, car, après la journée de travail, des cours de français, d’allemand, d’arithmétique sont faits dans l’établissement. Dès que l’apprenti est apte à gagner plus que son entretien, il émarge quelques francs par semaine, et sans se préoccuper des discussions sur l’opportunité du travail des femmes, cet homme de bien a enrôlé presque autant de jeunes filles que de garçons. L’état, vous le savez, exige plus de justesse de coup d’oeil et de patience que de force matérielle. Voilà donc une carrière lucrative ouverte aux filles du peuple. Les deux quartiers, filles et garçons, sont absolument séparés.