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Page:Blandy - Le Petit Roi.djvu/232

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— Oui, mais j’y retourne. Je compte le veiller toute la nuit. Vous mettrez… Stéphane où vous voudrez, ma mère… » La voix du comte trembla en prononçant le nom de son fils.

Deux heures après, pendant que le comte Pavel installé sur un fauteuil auprès du lit du blessé s’abandonnait à des pensées fort tristes, la porte s’ouvrit et Stéphane se glissa dans la chambre.

« Vous avez oublié que votre chambre est occupée ? » lui dit son père avec amertume.

Stéphane pâlit, mais répondit d’une voix contrite : « Je ne l’ai pas oublié, père ; mais vous veillez et je vous supplie de me laisser veiller avec vous.

— Est-ce du repentir ? demanda le comte en regardant son fils tout au fond des yeux.

— Je ne suis pas méchant, croyez que je ne suis pas méchant, balbutia Stéphane. Je ne savais pas que…

— C’est là justement le tort de votre vanité. Vous ne savez rien et voulez tout faire ; vous êtes incapable de juger et prétendez trancher à propos de tout. Y aurait-il une excuse pour vous si nous avions là un cadavre au lieu de ce pauvre blessé qui dort ? Peut-être cette existence d’homme du peuple vous semble-t-elle peu précieuse, à vous qui vous croyez d’une autre essence. Quant à moi, je vous jure que ce fils qui craint d’affliger sa mère, qui pense à sa sœur, qui se préoccupe de ne pas mécontenter son maître, me paraît cent fois supérieur en valeur