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Page:Blandy - Le Petit Roi.djvu/233

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intellectuelle et morale à l’inutile et malfaisant tyranneau que vous avez été jusqu’ici. Que n’est-il mon fils, et vous, l’ouvrier lapidaire ! Mais vous n’auriez ni l’amour du travail, ni le culte de la famille comme lui ; s’il était réalisable, mon souhait causerait votre malheur. Vous ne seriez pas digne de tenir dans son atelier la place de ce pauvre garçon. Prenez garde, Stéphane, il est des déchéances pour toutes les classes. Votre avenir m’alarme ; car c’est notre être moral qui édifie notre destinée, et je vous vois prêt à toutes les fautes, à toutes les sottises, et jusqu’ici incapable du moindre bien. Votre sot orgueil que rien ne justifie a fait table rase chez vous de toute qualité. »

C’était à voix basse, avec un accent, non pas de dureté, mais de profonde tristesse que le comte Pavel parlait ainsi à son fils. Celui-ci l’écoutait, tête baissée, sans lui répondre. Le père attendait un mouvement de sensibilité pour appeler dans ses bras ce fils qu’il aimait avec autant de clairvoyance que de tendresse ; mais Stéphane resta absorbé, impassible.

La nuit se passa lentement. Le blessé ne se réveilla que trois fois, et le comte lui fit prendre la potion ordonnée par le docteur. Vers deux heures du matin, les yeux de Stéphane se fermèrent involontairement ; quand ils se rouvrirent, le jour blanchissait la chambre, le blessé reposait encore, et le comte lassé par sa douloureuse veille s’était assoupi.

Le premier regard de Stéphane fut pour son père. Il