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Page:Blandy - Le Petit Roi.djvu/235

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Quelle affreuse punition si vous aviez fini par me les préférer !

— Bonjour, monsieur, » dit la voix encore endormie de Prosper Bouchut.

Le réveil du blessé fut une heureuse diversion.

« Comment allez-vous, mon enfant ? lui demanda le comte.

— Pas mal, et vous, monsieur ?… Dieu ! suis-je bête ! Quand on a passé la nuit à veiller un malade, on ne va pas bien du tout. Pardon de la peine que je vous donne.

— C’est vous qui me demandez pardon ! » dit le comte avec mélancolie ; puis, regardant Stéphane : « Est-ce que lu n’as rien à lui dire ? ajouta-t-il.

— Oh ! si, s’écria l’enfant ; il peut croire à tous mes regrets. J’aimerais mieux être à sa place que d’être cause de son mal comme je le suis.

— Tiens ! dit Prosper avec la prompte familiarité des ouvriers parisiens, c’est donc ce petit-là qui conduisait ? »

Stéphane tressaillit. La dénomination de petit n’était pas pour lui plaire, mais elle avait été articulée avec bonhomie, sans intention de le blesser. Un enfant de treize ans est toujours un petit pour un adolescent de quinze.

« Oui, » dit le comte en observant son fils.

Prosper, qui n’avait pas conscience d’avoir froissé Stéphane, reprit en souriant :

« Pour un mauvais cocher, c’est un fichu cocher. Baste ! il apprendra… il a déjà appris à mes dépens hier.