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Page:Blandy - Le Petit Roi.djvu/249

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tout ce que j’ai entendu dire depuis quelques années des triomphes et des revers de la guerre m’a désillusionné sur le prestige de l’uniforme. Une armée à la parade, c’est très-beau comme spectacle : tous ces hommes en brillants uniformes, défilant au son des fanfares, ces beaux généraux pères de toute une division, la camaraderie fraternelle entre hommes du même corps, tout cela parle à l’imagination ; mais le revers de la médaille est affreux : ravager des pays entiers, s’imposer à eux au nom de la force qui tue, incendie et dépeuple, cela me semble inhumain, et je crois qu’il y a d’autres manières de servir son pays que d’être un pion ou même un roi dans ces terribles parties d’échecs. Voyez mon père ! Ne sert-il pas son gouvernement par ses travaux scientifiques aussi bien qu’un général d’armée ? Le Czar le pense du moins, puisqu’il vient de lui envoyer une nouvelle décoration pour le récompenser de son travail sur les ports de la mer Noire. »

Le comte Alénitsine, les yeux brillants de joie, passa son bras autour du cou de Stéphane.

« Comment dois-je interpréter ce que tu dis là, mon fils ? s’écria-t-il. Est-ce que tu serais tenté de t’associer à mes travaux ?

– Oh ! mon père, dit Stéphane en l’embrassant, c’est ma seule ambition ! Si vous m’en croyez digne, je serai trop heureux. Ne pas vous quitter, étudier avec vous toutes ces questions géographiques et économiques aux-