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Page:Blandy - Le Petit Roi.djvu/248

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de nos chemins de fer, toutes importations dont les Européens dotent le Nipon en ce moment ; il a appris nos langues, s’est pénétré de nos usages, en a raisonné le bon et le mauvais ; son avenir est donc décidé : il sera un ambassadeur des idées européennes dans cet Orient qui les connaît si peu. Mais toi, mon Stéphane, et toi, Arkadi, n’avez-vous rien à me dire ?

— Cher père, dit Stéphane le premier, je n’ai rien trouvé à vous répondre, parce que votre question m’embarrassait et même m’effrayait un peu. Je suis si heureux depuis que je connais la douceur d’obéir, que cette initiative que vous réclamez de moi m’a fait peur. Vous avez pu oublier tous, par pure bonté, ce que j’ai été autrefois, mais je m’en souviens, moi, et me rappelant la façon dont j’ai employé mon indépendance, je ne demande qu’à demeurer sous votre direction ; elle seule me répondra de ma sagesse. À quoi suis-je bon ? Je ne sais encore. Décidez pour moi.

— Mais tu dois avoir une préférence quelconque pour une de ces carrières qui s’ouvrent devant les jeunes gens de ton âge, dit la comtesse. J’aimerais que tu devinsses un officier distingué comme l’ont été ton père et ton grand-père. Tu es inscrit au livre d’or, et tu pourrais entrer dans les gardes à cheval, ou plus tard, commander les gardes de l’empereur.

— Si mon père avait tant aimé l’état militaire, il ne l’aurait pas abandonné, dit Stéphane. Et puis, grand’mère,