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Page:Blandy - Le Petit Roi.djvu/253

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et mes exercices malicieux n’étaient pas un prélude à la rédaction de protocoles plus ou moins sagaces. Je n’ai aucun goût pour la diplomatie, précisément parce que j’ai « l’esprit critique », comme dit mon oncle. Cette carrière servirait trop mon penchant, et en me montrant le dessous des cartes politiques, elle m’amènerait peut-être à déprécier le genre humain dans ma pensée. J’ai à travailler dans un sens contraire pour être dans la vérité, et c’est bien assez d’être porté à voir les ridicules des gens sans me mettre dans une situation qui me rendrait atrabilaire et misanthrope. Mais à part ces questions personnelles, vous oubliez, bonne grand’mère, qu’il faut être riche pour entrer dans la diplomatie.

— Cher Arkadi, dit le comte, ta grand’mère et moi vivants, le neveu que nous avons élevé n’a pas le droit de se dire pauvre.

— N’es-tu pas mon frère ? » s’écria Stéphane chaleureusement.

Arkadi les embrassa tous les trois : « J’accepte vos bienfaits comme ceux de Dieu, dit-il au comte Pavel ; mais de même que l’on prouve sa reconnaissance à Dieu en se montrant digne de ses bontés, je tiens à faire œuvre d’homme afin que vous soyez content de moi. Écoutez-moi, mon cher oncle. Je ne puis dire encore au juste ce que je compte faire à cet effet, mais il est sûr que dès longtemps je suis résolu à embrasser une carrière qui me permette d’être utile et de vous faire honneur. La-