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Page:Blandy - Le Petit Roi.djvu/53

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Mlle Mertaud dans l’oratoire de la comtesse Praskovia. Ce n’était pas sans appréhensions que la maîtresse de français avait attendu cette entrevue ; déjà elle avait pu constater le droit de tout faire qu’exerçait Stéphane dans la maison Alénitsine et elle craignait que la comtesse n’autorisât par une approbation absolue les frasques de son petit-fils et ne l’empêchât, quant à elle, de donner à Stéphane d’autres leçons que des leçons de français. Or, sa conscience lui défendait de s’en tenir à ce programme borné.

La comtesse, à demi couchée sur un divan de cuir, se souleva sur ses coussins en voyant entrer Suzanne que lui présenta, fort régulièrement cette fois, M. Carlstone. Elle fit signe à l’institutrice de s’asseoir, et celle-ci reprit quelque assurance en trouvant dans les traits de la comtesse quelque chose de la physionomie sympathique du comte Pavel.

Ces traits étaient creusés par le chagrin plus encore que par l’âge, et il n’était pas besoin des vêtements noirs que la comtesse portait pour rappeler le deuil éternel dont la trace était visible autour de ses yeux attendris par les larmes, et dans son attitude brisée.

Mlle Mertaud, qui la regardait avec un respectueux embarras, fut surprise de rencontrer dans les yeux de la comtesse une expression presque analogue, et son étonnement s’accrut lorsque la comtesse lui dit après les premiers compliments :