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Page:Blandy - Le Petit Roi.djvu/54

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« Je suis guérie d’une crainte bien cruelle depuis que vous êtes là, mademoiselle ; votre air de douceur me fait espérer que vous ne serez pas une gouvernante trop sévère pour mon cher Stéphane… Ce titre de gouvernante vous surprend, je le vois ; il me reste à vous apprendre en effet, qu’il ne s’agit plus seulement des leçons de français. De nouvelles instructions que j’ai reçues de mon fils vous donnent la direction absolue de l’éducation de Stéphane. J’ai donc à abdiquer entre vos mains et je m’en effrayais avant de vous connaître. Je ne vous le cache pas : vous m’étiez presque ennemie, car je pensais que Pavel Paulowitch m’envoyait une gouvernante gourmée, pleine de son importance, en un mot, le futur tyran de mon pauvre Stéphane. Je prévoyais entre votre maîtrise et la vivacité de cet enfant une lutte dont Pavel m’aurait rendu comptable, car jusqu’ici les maîtres étrangers ont manqué de patience à l’égard de mon petit-fils ; plusieurs d’entr’eux sont partis d’eux-mèmes, et M. Carlstone, auquel j’aurais cru plus de patience, a signifié au comte Pavel son désir de nous quitter… Oui, monsieur Carlstone, je suis persuadée que votre décision motive le parti pris par mon fils de déléguer son autorité sur Stéphane à une autre qu’à sa propre mère. Vous avez manqué d’égards envers moi en ne me faisant pas connaître votre découragement. J’attendais mieux de la ténacité anglaise. Fuir devant des caprices si excusables dans un enfant de treize ans, ce n’est certes pas une preuve de ténacité de caractère. »