Aller au contenu

Page:Blandy - Le Petit Roi.djvu/66

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

L’arrivée de quelques visites rompit heureusement cette petite scène, et Mlle Mertaud, que la comtesse avait priée de rester au salon, l’aida avec une aisance modeste à en faire les honneurs. Elle constata avec plaisir l’affabilité avec laquelle les hôtes de la maison Alénitsine traitaient M. Carlstone et elle ; elle trouva en eux ce tact de la véritable bonne éducation qui devine au premier coup d’œil comment doivent être traités les étrangers admis dans une maison pour y remplir d’utiles et honorables fonctions.

Comme Suzanne arrivait de Paris et avait vu le comte Pavel depuis peu, il lui fut adressé cent questions à son sujet. Un vieux général qui faisait le quatrième au whist de la comtesse avec M. Carlstone et une jeune dame fort brillante, s’intéressait plus que tout autre au comte qu’il avait eu sous ses ordres à l’armée.

« Mademoiselle, dit-il à Suzanne, ce chevalier errant vous a-t-il dit où il allait en quittant Paris ?

— Le comte Alénitsine devait aller à Londres faire un rapport à la Société géographique sur son dernier voyage en Islande, et de là, il se propose d’aller à Sitka et à Alaska, dans l’ancienne Russie américaine.

— Oui, reprit le général, il y a là bas des mines d’or et de houille fort curieuses, et un pays tout neuf que nous avons vendu à nos bons amis les Yankees pour un morceau de pain… Bah ! ce n’est pas la terre qui manque à la Russie… Ah ! il va visiter nos anciennes possessions !…