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Page:Blandy - Le Petit Roi.djvu/67

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et se tournant vers Stéphane, toujours blotti dans son coin, le général lui dit :

— As-tu la moindre idée de la situation du pays où s’en va ton père, toi qui, l’an dernier, prétendais que l’Islande était une île de la Méditerranée ?…

— Eh ! dit Stéphane avec beaucoup d’aplomb, la Russie américaine… Sitka… attendez… c’est près d’Arkhangel, dans la mer Glaciale.

— Il y a de l’Arkhangel dans la Russie américaine, mais c’est la nouvelle et non pas la vieille, mon garçon. Et s’adressant à Mlle Mertaud, le général ajouta : « Voilà un gaillard auquel vous aurez besoin de seriner sa géo- graphie, s’il veut que Pavel Paulowitch le trouve un homme à son retour.

— Bon, s’écria Stéphane, mon père ne s’en soucie guère puisqu’il m’envoie un précepteur en jupons qui pourra plutôt m’apprendre la danse et la tapisserie. »

Puis, sur cette grossièreté qui laissa muets un instant tous les visiteurs, Stéphane sortit du salon en bousculant le domestique qui installait le samowar pour le thé.

La comtesse tâcha d’excuser l’impolitesse de son petit-fils, mais le général qui avait son franc-parler, lui dit :

« Praskovia Stépanovna, vous êtes bonne et douce comme une tourterelle ; mais vous élevez dans votre nid un petit faucon qui donne de bien sots coups de bec et qui a besoin d’être chaperonné. Si mademoiselle en vient