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Page:Blandy - Le Petit Roi.djvu/69

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Le groupe s’ouvrit devant elle, avec une déférence silencieuse, mêlée de cette antipathie que les Russes des classes inférieures témoignent aux étrangers.

« Ah ! c’est vous, mademoiselle, dit Arkadi en accourant du fond de l’appartement de Stéphane. — Voilà Ermolaï — il désignait le valet de chambre — et ces femmes qui perdent la tête et qui veulent avertir grand’mère de l’accident, pas du tout imprévu, qui arrive à mon cousin.

— Un accident ?

— Eh ! son dîner… Vous entendez ?… son dîner prend sa revanche. »

Un gémissement de Stéphane interrompit Arkadi qui pâlit tout de bon et cessa de plaisanter.

« Dites à ces bonnes gens de ne pas déranger Mme la comtesse, recommanda Suzanne à l’enfant, qu’elle s’étonna de voir transmettre cet ordre d’un air cassant et impératif.

— Pourquoi les rudoyer ainsi ? lui demanda-t-elle.

— C’est pour leur faire sentir que le commandement est sérieux. Si vous voulez être obéie en Russie, il ne faut parler que sur ce ton aux gens de service.

— Voilà qui ne fait pas précisément l’éloge des gens qui leur commandent, mon enfant, mais allons voir Stéphane. »

Stéphane, échoué comme un paquet sur un divan, se tordait sous l’influence de spasmes qui le secouaient. Il