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Page:Blandy - Le Petit Roi.djvu/82

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Ce fut au tour d’Arkadi de baisser le nez.

Après une station chez le marchand juif qui tenait dans une basse-cour retentissante d’aboiements, une collection de chiens russes et étrangers, le nouvel hôte de la Mouldaïa fut acheté et porté dans la voiture.

C’était une bête de race chinoise, à poil ras, de face fort laide, car son nez épaté et fendu semblait s’enfoncer dans son museau grotesque, et ses gros yeux saillaient hors de leur orbite en globes jaunâtres où nageait une prunelle d’un gris brun. Malgré la bizarrerie de cette figure, le chien qu’Arkadi baptisa Mandarin séance tenante, avait une mine intelligente et douce. Il se laissa caresser par Mlle Mertaud, et accueillit ses politesses par une sorte de rire qui retroussait ses babines pendantes. Le fouet, que Stéphane avait acheté après avoir étudié en connaisseur les variétés de ces instruments de correction, fut déposé près de l’animal, qui se coucha en rond tout à côté avec l’heureuse ignorance de son jeune âge.

Quand les achats d’Arkadi et de Mlle Mertaud furent terminés, Stéphane se fit conduire pont des Maréchaux, chez Darzens. C’est le plus grand magasin de bronzes, d’objets d’art et de fantaisie de Moscou.

Suzanne se plut à y admirer de beaux bronzes et quelques tableaux remarquables, pendant que Stéphane faisait entasser sur un comptoir tout un fagot de cravaches. La comtesse l’ayant prévenue que Stéphane pouvait disposer de sa bourse à son gré, elle se dispensait ainsi de