présider à son achat, tout en blâmant à part elle cette trop large liberté donnée à un enfant aussi peu raisonnable.
Un bruit de vaisselle cassée et d’exclamations confuses la fit retourner tout à coup au comptoir des cravaches, et, en arrivant, elle vit Stéphane piétinant sur les débris d’un superbe plat de porcelaine japonaise, que ses talons achevaient de mettre en miettes.
« Qu’est-il donc arrivé ? demanda Mlle Mertaud, aux commis qui regardaient Stéphane et le plat de Chine en murmurant :
— Une si belle pièce ! une pièce unique !
— Il y a, dit Arkadi, que Stéphane choisissait une cravache à pommeau très-lourd, capable d’assommer quelqu’un. Je l’ai taquiné là-dessus ; alors il a voulu me frapper. J’ai esquivé le coup qui est allé fendre ce plat, et mon aimable cousin, qui n’aime pas les choses à moitié faites, danse, comme vous le voyez, sur les débris qu’il a faits, et donne aux messieurs Darzens une représentation de ballet qu’il aura l’obligeance de leur payer. »
Stéphane s’arrêta tout à coup en tirant son porte- monnaie de sa poche. « Combien vous dois-je ? demanda-t-il au commis.
— Pour la cravache, vingt-cinq roubles, et, j’en suis désolé, monsieur le comte, cinquante roubles pour le plat. »
Stéphane jeta des billets sur le comptoir : « Je n’ai