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Page:Blandy - Le Petit Roi.djvu/91

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les et fais manger tes enfants. Puis, je ne te dis pas de venir demain à la maison Alénitsine, je te l’ordonne, tu entends ? J’aurai parlé d’ici-là à grand’mère, tu verras que tout le monde chez nous n’a pas un cœur de loup. »

Suzanne n’entendait rien à ce dialogue, fait en mais les larmes d’Arkadi lui prouvant qu’il ne s’agissait pas d’une infortune banale, elle tira quelque argent et le donna à son élève en lui disant :

« Permettez-moi de m’associer à vos charités. »

Axinia prit l’argent, fit un signe de croix à la mode grecque, et baisa la main d’Arkadi qui remonta dans la voiture en lui répétant : « À demain ! »

Quelle est cette pauvre femme ? demanda Mlle Mertaud à Arkadi quand le cocher eut lancé ses chevaux dans la direction de la maison Alénitsine.

— L’intérêt que mon cousin prend à son malheur ne vous le ferait pas deviner, lui répondit-il. C’est Axinia qui l’a élevé ; elle était femme de chambre de sa mère, et à la mort de celle-ci, elle s’est absolument dévouée à Stéphane. Elle ne le quittait pas plus qu’une poule son poussin, et cela a duré huit ans. Mais alors elle s’est mariée à un charpentier de Moscou, bon ouvrier de son état, mais un peu buveur. Elle a quitté la maison au grand regret de grand’mère et à la grande colère de sire Stéphane, qui n’admettait pas, alors plus qu’aujourd’hui, qu’on pût aimer qui que ce soit au monde en