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Page:Blandy - Un oncle a heritage.djvu/43

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d’un parent malade ; mais les souvenirs du passé l’amènent malgré moi sur mes lèvres. Jusqu’à présent nous ne devons à M. Maudhuy que la déférence qui sied envers les parents âgés ; car il a manqué toutes les occasions de nous inspirer des sentiments plus affectueux. Je dirai même qu’il nous a donné sujet d’affirmer son égoïsme.

« M. Langeron sait par le menu et je n’ai pas l’intention de vous détailler, monsieur Develt, quelle série de spéculations malheureuses amena l’effondrement de notre maison de banque. Il suffit que vous sachiez qu’il n’y eut de perdu que notre fortune. L’honorabilité de notre nom ne fut pas atteinte, et, si nous fûmes ruinés, pas un de nos clients ne perdit une obole. Nous aurions pu être sauvés au cours de cette crise par une aide temporaire. M. Carloman Maudhuy nous refusa la sienne durement.

« Une fois tout liquidé, il resta de ce désastre une centaine de mille francs environ qui furent partagés entre les deux associés. Ni l’un ni l’autre ne put se résoudre à végéter dans un pays où ils avaient fait assez belle figure. Dans la décision qu’ils prirent, les deux frères suivirent chacun son instinct de nature.

« Mon mari, terrassé par sa ruine, n’eut plus qu’une idée lorsqu’il eut retrouvé ses forces morales : tâcher de s’employer pour nous faire vivre, sans avoir à entamer le petit capital qui nous restait et qu’il considérait comme réserve pour notre