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Maisons de Plaisir

tombée, après un peu de gloire, au ruisseau qu’elle ne quittera plus que pour l’hôpital.

En cheveux, à peine vêtues, enveloppées dans un mauvais fichu, les doigts rougis, grelottantes, elles vont et viennent sans relâche.

Pour « faire » un client — et quel client, le plus souvent ! — elles en abordent sans cesse qui les repoussent. Elles sont tenaces. C’est le pain du lendemain qu’elles viennent chercher là et elles ne veulent pas, elles ne peuvent pas rentrer les mains vides.

Au cas où cela se produirait, le « petit chéri » leur montrerait de quel bois il se chauffe, pour leur apprendre à vivre et à faire leur métier convenablement.

Les petites rues aboutissant aux boulevards extérieurs sont peuplés d’hôtels plus ou moins borgnes. Le prix varie entre trois francs et un franc, généralement.

C’est dans une de ces maisons que la raccrocheuse amène le client qu’elle a décidé à l’accompagner.

Et, certains hôteliers n’ont rien imaginé de mieux, pour attirer chez eux la fille, que de lui remettre après chaque passe, un bon-prime.

Quand la malheureuse en possède une certaine quantité, en échange on lui donne soit une chemise fanfreluchée, soit une paire de bas ajourés, un pantalon brodé ou tout autre objet de ce genre.